Aspect intéressant, Demy brosse un tableau sympathique de Marie-Antoinette, alors même qu’il se montre très critique des abus de l’aristocratie dans Lady Oscar. 42 Dans Les Demoiselles, Monsieur Dame est amoureux de Solange, mais ne sait pas qu’elle est la fille d’Yvonne, une femme qu’il a aimée. du napolitain par Myriam Tanant, Paris, Phébus, coll. cit., p. 69). Le gâteau d'amour de Peau d'âne octobre 18, 2011. Comme le conte de 1694, cette version apocryphe connut de nombreuses éditions, notamment au XIXe siècle, et fut adaptée à plusieurs reprises, en particulier dans l’Alphabet des contes de fées : Peau d’âne, publié en 1866, à la fin duquel la princesse demande pardon à son père incestueux pour s’être enfuie ! 17, no 1, 2003, p. 71. De même, les appartements du roi regorgent de plantes grimpantes et le souverain est assis sur un trône en forme de chat24. Commentant Peau d’âne, Demy déclare que le château bleu du père de la princesse – la forteresse du XVe siècle du Plessis-Bourré – représente l’Ancien Régime et les tendances conservatrices, tandis que le château rouge du prince – l’élégant château de Chambord de la Renaissance – symbolise quelque chose de plus « révolutionnaire21 ». Il est impossible de parler du spectacle et des miroirs sans se pencher sur les différentes fonctions du regard. Dans ce film, Marion, comme la princesse de Peau d’âne, est un sujet désirant qui, d’ailleurs, suscite la relation avec l’homme Yves Montand, dont elle découvre par la suite qu’il est son père. L’Amour avec un grand A?Celui qui apparemment nous ferait nous « teindre en blonde » ou « faire le tour du monde » ?Eh bien, ce n’est peut être pas celui que vous croyez… Il est significatif qu’en 1968, deux avant la sortie de Peau d’âne, Look, l’un des plus importants magazines de photojournalisme américains après Life, ait consacré l’une de ses couvertures à Catherine Deneuve, en titrant « Elle pourrait bien être la plus belle femme du monde77. cit., p. 1-9. Néanmoins, en mêlant nature et culture, le château bleu oppose son désordre au château de Chambord, plus ordonné. 80 « Le Dandy doit aspirer à être sublime, sans interruption ;/Il doit vivre et dormir devant un miroir » (Charles Baudelaire, Mon cœur mis à nu, édition établie par Claude Pichois, Genève, Droz, 2001, p. 5 verso). Voir aussi Gayle Rubin, « The Traffic in Women : Notes on the “Political Economy” of Sex », dans Rayna R. Reiter (dir. De 1901 à 1950, le conte figure dans au moins trente-six recueils et il est réimprimé neuf fois individuellement. endobj
Vous pouvez suggérer à votre bibliothèque/établissement d’acquérir un ou plusieurs livres publié(s) sur OpenEdition Books.N'hésitez pas à lui indiquer nos coordonnées :OpenEdition - Service Freemiumaccess@openedition.org22 rue John Maynard Keynes Bat. Chez Straparola et Basile, le père incestueux est exclu de l’ordre sociopolitique, lequel est rétabli au terme du conte, par l’exécution ou par l’oubli. 73 Christine Jones, « The Poetics of Enchantment (1690-1715) », Marvels & Tales, vol. […] Si dans les films de Warhol, les acteurs sont si admirables dans leur improvisation, c’est parce qu’ils se connaissent, je veux dire aussi bibliquement, et cela leur permet de sortir d’eux-mêmes, de vaincre leur pudeur et leur honte91 ». 14Le château représente donc un lieu « impur » où nature et culture, humain et animal se mélangent, ou dans lequel ces termes ne se sont tout simplement jamais vraiment distingués les uns des autres. Playlist . Amour, Amour, n'est pas bien sage Quand il a vécu trop longtemps le cœur content L'amour à la moindre anicroche s'effiloche Au clou du souvenir s'accroche L'amour se meurt avec le temps Amour, Amour, je t'aime tant Amour, Amour, je t'aime tant 60 Voir M. Thomas Inge, art. 4L’historique textuel, théâtral et cinématographique de ce conte laisserait penser que lire l’histoire d’un père incestueux était moins dérangeant que la voir représentée sur scène ou à l’écran. 32 À certains égards, la valorisation de la « bête » chez Cocteau et Demy fait aussi penser à la nouvelle d’Angela Carter « The Tiger Bride », dans laquelle l’héroïne se transforme en bête, au lieu de la bête changée en prince, autre forme non normative de sexualité partagée par le héros et l’héroïne. C’est pourtant un des paradigmes dominants pour penser l’homosexualité qui a perduré jusque dans les années 1970, quand Guy Hocquenghem, dans son œuvre en faveur de l’antipsychiatrie, a remis en question la vision freudienne prédominante, en libérant purement et simplement le désir du complexe d’Œdipe38. Le lien avec ce personnage est renforcé par le col en forme d’éventail et les couleurs des vêtements de la fée des Lilas79. « Peau d’âne », version, Duggan, Anne E. “Chapitre II. Comme je le montrerai, Demy donne une version camp de ce classique du conte en en faisant ressortir les éléments potentiellement subversifs présents dans des versions antérieures de ce récit et en y introduisant des caractéristiques de l’esthétisme gay, le cinéma de Jean Cocteau étant pour lui une source particulière d’inspiration. Demy avait été « conseiller technique pour le film officiel du mariage de Grace Kelly et Rainier de Monaco56 », pour lequel – détail important – on employa des hélicoptères. Bon l'histoire est bien, c'est un conte intéressant ça y a pas de soucis, mais l'adaptation est vraiment mauvaise. Playlist . En réalité, il transforme ce conte classique qui le fascinait depuis sa jeunesse en un vecteur d’interrogation des formes hétéronormatives de sexualité, dans la lignée des écrivains et des cinéastes homosexuels, au premier rang desquels Jean Cocteau, qui se sont servi de l’inceste comme trope destiné à explorer d’autres formes de sexualité. cit., p. 616. Il me semble que la création d’une version camp de ce récit met en jeu à la fois une lecture camp du conte et une transfusion de l’esthétique camp dans le conte. 40Il est donc possible de voir en la scène de préparation du gâteau par la princesse une parodie, ou une version camp, de la scène du rangement dans le Blanche-Neige de Disney. « On n’épouse jamaisSes parentsVous aimez votre père, je comprendsQuelles que soient vos raisonsQuels que soient pour lui vos sentimentsMon enfantOn n’épouse pas plus sa mamanOn dit que traditionnellementDes questions de cultureEt de législatureDécidèrent en leur tempsQu’on ne mariait pasLes filles avec leur papa. Dans ce négligé !… Je reposais encore, lorsque tes cris de détresse sont venus troubler mon sommeil. Si Capellani réintroduit des éléments du conte de Perrault laissés de côté pour la féerie, il s’est pourtant clairement inspiré de celle-ci, en particulier avec le brossage du pelage de l’âne afin qu’en tombent des pièces d’or et l’absence de référence à l’inceste7. Quand la princesse de Peau d’âne va voir sa marraine à propos du grave dessein qu’a son père de l’épouser, la fée des Lilas la gronde pour l’avoir dérangée alors qu’elle prépare sa toilette, c’est-à-dire dans sa mise en scène d’elle-même : elle ne veut pas encore être vue, même par la princesse, sa filleule, et s’exclame : « Vous, à cette heure ! Le miroir, en particulier, et le dandysme, en général, esthétisent ces personnages qui fonctionnent à la fois comme objets et agents du désir. » Dans tous ces films, Demy aborde l’inceste avec légèreté, alors que pour la majorité du public, il s’agissait d’un tabou très lourd, à l’instar de l’homosexualité. 36 Susan Hayward, notamment, souligne que la Belle est « terriblement déçue à la fin du film quand la Bête […] se transforme en prince charmant » (S. Hayward, French National Cinema, New York, Routledge, 1993, 2005, p. 47). stream
19 Harold Beaver, « Homosexual Signs (In Memory of Roland Barthes) », Critical Inquiry, vol. 87 Sur la problématique du narcissisme comme trope queer et le rapport de ce concept avec la psychanalyse, voir Steven Bruhm, Reflecting Narcissus, op. 59Que Demy ait doté sa Marie-Antoinette de qualités empruntées à la princesse et à la fée des Lilas révèle son intérêt pour le soi comme œuvre d’art. 21Il y a dans La Belle et la Bête de Cocteau une forme de sous-texte incestueux : la Belle refuse d’épouser Avenant parce qu’elle ne veut pas quitter la compagnie de son père. 11Je me concentrerai pour mon propos sur la notion de camp définie par Babuscio comme (1) subversion de la sexualité hétéronormative, (2) incongruité esthétique et (3) théâtralité ou représentation spectaculaire du soi. Je pense que cette année, Mélina va retrouver son assise; c’était dur, l’an passé. 48Même s’il s’inspire de la féerie, Demy atténue la gravité de l’inceste présente chez Perrault en soulignant la frivolité de la fée des Lilas qui refuse d’écouter la princesse tant qu’elle n’a pas fini de se préparer. Enfin, en rendant hommage à Cocteau, Peau d’âne inscrit de facto Demy dans une lignée de cinéastes queer. 60On peut voir dans la représentation par Demy de ces trois figures féminines une forme de « culte de la diva » qui, selon Brett Farmer, fait partie de la dynamique de survie « réparatrice » de la culture queer88. » Connu pour son utilisation de l’image de ses comédiens dans la « vraie vie », Demy exploite ici la renommée mondiale de l’actrice en lui attribuant le rôle de la princesse à la beauté exceptionnelle. 85 Voir Marie-Catherine d’Aulnoy, « L’Île de la félicité », dans Contes I, introd. Pourtant, comme l’indiquent clairement les vers extraits du film qui figurent en exergue de ce chapitre, Demy en fait aussi l’histoire d’une fille qui désire son père et voudrait l’épouser. 5, no 1, 2005, p. 30. 17 Dans L’Univers de Jacques Demy (Agnès Varda, 1995), édition DVD Ciné Tamaris, 2003. La trilogie orphique comprend Le Sang d’un poète, Orphée et Le Testament d’Orphée. Je suis fan des contes de fées, de Disney, de l' univers des princesses. De même que « ma Bête » est, chez Cocteau, masculine et féminine (en raison du genre du mot en français), la Peau d’âne de Demy est féminine (comme princesse) et aussi masculine (comme âne). Il fallait bien un écrin aussi féerique que le conte « sous hallucinogènes » de Jacques Demy pour célébrer les 50 ans de « Peau d’âne ». Rechercher : INFORMATION . du danois par Patricia MacAndrew et Per Avsum, Copenhague, Glydendal, 1986, p. 73). cit., p. 245. L’objet de beauté qu’est la reine est mis en avant lorsque Élisabeth-Louise Vigée-Le Brun peint son célèbre portrait de la souveraine. La fée lui dit : « Tout est arrangé, ma chérie, j’épouse votre père. Sentiment complexe mais sans lequel on serait bien en peine. 37Dans le conte écrit par Perrault et dans la version apocryphe de « Peau d’âne », la princesse prépare le gâteau, « vêtue d’un corps d’argent que vite elle laça/Pour dignement faire l’ouvrage58 ». (N.D.T.). La nature merveilleuse du lieu est illustrée dans cet échange : Marie-Antoinette : Les tas de fumier ! Désireuse d’épouser son père, la princesse ne comprend pas pourquoi elle devrait y renoncer. Dans plusieurs de ses contes, notamment « La Belle aux cheveux d’or », « L’Oiseau bleu », « Le Prince Lutin », « Le Mouton », « Babiole » et « Le Nain jaune », les personnages s’admirent, ou déplorent leur défigurement magique, dans des miroirs. En tant que telle, la fée des Lilas est l’incarnation de l’aphorisme d’Oscar Wilde : « Sur toutes les questions sans importance, l’essentiel c’est le style, non la sincérité. C’est la princesse qui joue le rôle de prédateur ou de chasseur et tend le piège à sa proie. À propos de « L’Ourse », voir aussi la traduction en anglais de Nancy Canepa dans Giambattista Basile’s Tale of Tales, or Entertainment for Little Ones, Detroit, Wayne State University Press, 2007, p. 177-183 ; une traduction en français de ce conte figure dans Giambattista Basile, Le Conte des contes, trad. 29Certaines incongruités deviennent visibles par le simple transfert de l’image sur l’écran. - Q1: Quel acteur intérprète le père de Peau d'âne ? Peau d’Âne est dans la forêt. » Ici, plusieurs lectures se présentent. %����
Vêtue de la peau de l’animal, la princesse s’enfuit du palais et se fait engager comme souillon. » Deneuve est en couverture du numéro du 30 avril 1968 de Look. Elle fait son apparition vêtue d’une robe somptueuse, le prince et la princesse se marient, la princesse se réconcilie avec son père pendant les noces. « Au cœur de cette perception de l’incongruité se trouve l’idée de l’homosexualité comme déviation morale. On peut ainsi voir en ces personnages des dandys féminins81. Elle incarne ce qu’Herzog appelle les « anachronismes temporels53 » du film, issus du mélange d’éléments ou d’indices temporels empruntés à des époques variées. Voir, par exemple, C. Lévi-strauss, Les Structures élémentaires de la parenté, Paris, Mouton, 1967, p. 3-29. Parmi tous les portraits de princesses à marier que lui ramenèrent ses messagers, un seul retint son attention : celui de sa propre fille. endobj
Vêtu de rouge alors qu’il traverse la flore verdoyante, le prince ressemble lui-même à une rose dans la forêt. 49Dans la scène suivante, Peau d’âne s’enfuit dans la forêt et, telle Narcisse, contemple son reflet à la surface d’un étang. Absent du conte de Perrault, ce détail vient probablement de la féerie. À l’image des conteuses des années 1690, le cinéaste crée des personnages féeriques qui se délectent du plaisir et de la beauté de mondes utopiques et transcendent les limites du genre et de la sexualité, imposées par leurs sociétés respectives. 2Si des contes de Perrault comme « Cendrillon », « La Belle au bois dormant » et « Le Petit Poucet » ont souvent trouvé le chemin du grand écran dès les origines du cinéma français, peu de cinéastes se sont risqués à faire une adaptation cinématographique de cette histoire d’un roi incestueux qui veut épouser sa très jolie fille5. 68 C’est Mary Elizabeth Storer qui, la première, a identifié cette « vogue du conte de fées » dans Un épisode littéraire à la fin du XVIIe siècle : la mode des contes de fées (1685-1700), Paris, Champion, 1928. 59, no 2, 2006, p. 40. Enfin, le camp s’intéresse aux désirs qui subvertissent les relations hétérosexuelles conventionnelles, souvent mises en scène sous la forme de couples incongrus : androgynie ou travestissement au sein de couples masculins-féminins, ou relations entre, par exemple, une femme mûre et un homme jeune dans la lignée de Sunset Boulevard (Billy Wilder, 1950). Selon cet auteur, « l’allégeance au foyer et à la famille » est une valeur importante introduite dans ce film, comme dans d’autres réalisations de Disney61. 52La scène où le prince voit la princesse pour la première fois en est peut-être la meilleure démonstration. 43 Analysant l’inceste de Trois places pour le 26 du point de vue très différent de la culture administrative, Vivian Labrie interprète l’inceste comme figure des relations au travail et, de manière intéressante, relie son analyse aux contes populaires ayant ce thème (voir V. Labrie, « Help ! Par toutes ses attaches avec les textes et les engins du monde moderne, la fée incarne l’avenir inscrit dans le passé et rappelle constamment au spectateur l’existence d’un écart entre notre temps et le non-temps (le passé intemporel) du conte représenté à l’écran, ce qui rend manifeste et, par là même, dénaturalise l’artifice du cinéma en tant que moyen d’expression. » La princesse fond en larmes et, pour la consoler, la fée lui dit : « Ne pleurez pas mon enfant. » en replay sur France Culture. La fée, la princesse et la reine sont toutes les trois des beautés qui admirent la beauté, y compris la leur. Oui je sais je suis une adulte, mais j'ai toujours ce petit côté enfantin, ce côté petite fille qui aime les princesses, les belles robes. 22À l’époque où Cocteau et Demy (du moins dans la première partie de sa carrière) étaient en activité, le désir homosexuel masculin était considéré comme une concrétisation anormale du complexe d’Œdipe, dans laquelle l’enfant masculin désire le père au lieu de la mère. » Comme sa marraine, la princesse est associée aux miroirs. 39Cette idéologie de la domesticité n’était pas étrangère à la culture américaine en général, ni à Walt Disney en particulier. Erik Aschengreen relève que le cercle d’Apollinaire tenait Cocteau pour « un dandy intelligent mais ennuyeux » (voir E. Aschengreen, Jean Cocteau and the Dance, trad. Écoutez Amour, amour par Michel Legrand - Peau d'âne - Féerie Musicale. À travers ses incongruités visuelles et temporelles, le film de Demy va même jusqu’à dénaturaliser le conte qui, sous sa forme écrite, a été apprécié par des générations d’enfants et d’adultes jusqu’à nos jours, mais dont l’absence de représentations cinématographiques est le signe de sa nature problématique. » Daniel Fischlin explique pour sa part : « Tributaire du regard qui construit sa présence masculine ou féminine, la Bête est par conséquent une construction sexuelle ambiguë, un être queer, en particulier selon une lecture qui incorpore l’œil du cinéaste Cocteau dans le contexte du regard construisant la bête comme objet de désir. » Plus loin, Beaver met en relation le tabou de l’homosexualité – considérée comme un mélange de caractéristiques masculines et féminines – avec la loi biblique, en particulier celle du Deutéronome et du Lévitique, dont les interdits établissent et maintiennent les définitions distinguant la femme de l’homme, l’animal de l’humain, la plante de l’animal, qu’il est considéré comme « impur » de mélanger entre eux20. Le Gras cite également le magazine Look à propos de Deneuve (voir Gwénaëlle Le Gras, art. OpenEdition est un portail de ressources électroniques en sciences humaines et sociales. Aujourd’hui, une telle vision de l’homosexualité masculine est inappropriée, pour ne pas dire extrêmement problématique. Demy met constamment en scène le regard narcissique du soi contemplant son reflet et le regard voyeur d’autrui, aucun des deux n’occupant une position stable d’objet ou de sujet dans le film, comme nous allons le voir. 57 Autre référence intertextuelle possible : dans La Belle au bois dormant de Disney, le rouge (associé au prince) et le bleu (associé à Aurore) sont aussi présents. Pour un survol du contexte socioculturel de cette tendance littéraire des années 1690, au cours desquelles Perrault, ainsi que Marie-Catherine d’Aulnoy, Marie-Jeanne L’Héritier de Villandon et Henriette Julie de Murat ont signé des volumes de contes de fées, voir Jack Zipes, Beauties…, op. Cependant, voir l’âne en action, à grands renforts de braiement et de chutes de pièces sonnantes et trébuchantes sur un plateau, comme on gagne au jackpot, ajoute un niveau d’humour supplémentaire que les représentations textuelles et même les illustrations du conte sont incapables de rendre. 50À la fois auxiliaire et glorification du soi comme spectacle, le miroir est aussi un lieu de conflit. 44On ne trouve aucune de ces références dans le conte original de Perrault, ni dans la versions apocryphe ultérieure. Mais le royaume réclamait un prince héritier et le roi devait se remarier. 23 Sur l’utilisation des cerfs dans la chambre de la princesse, voir ibid., p. 240. cité, p. 257). Même si pour nous autres, cœurs d’artichauts, on fête tous les jours l’amour, c’est bel et bien le 9 … 83 La fée désire le roi et, par conséquent, agit en rivale de la princesse. En faisant incarner le père incestueux par Jean Marais, Demy pouvait ainsi associer la bestialité au désir transgressif du personnage. En revanche, la princesse voit parfaitement le prince dans le miroir qu’elle tient à la main. 51Comme le dandy de Baudelaire, la princesse et la fée de Demy semblent « vivre et dormir devant un miroir80 ». Mise en scène pour la première fois en 1863, cette œuvre est une version revisitée d’une féerie antérieure de Vanderburch et Laurencin, qui connut un succès durable à Paris et en province jusqu’en 1878 au moins, date à laquelle le décorateur Chéret poursuivit ses collaborateurs qui ne lui avaient pas versé sa part des bénéfices6. <>
Mais son film muet de quinze minutes délaisse entièrement le thème de l’inceste en faisant demander la main de la princesse par un « fiancé ridicule » – un noble aux jambes affreusement arquées – à la place du père. Selon Amy Herzog, c’est l’un des contes de Perrault les « moins reproduits » et « les versions ultérieures atténuent fréquemment tout désir illicite de la part du père ou suppriment purement et simplement cet aspect du récit » ; pourtant, Herzog semble limiter son analyse de l’histoire du conte à la tradition anglaise8. Ces stratégies narratives et cinématographiques fonctionnent de telle manière que, tout d’abord, elles déstabilisent les oppositions nature/culture, animal/humain, femme/homme et, en second lieu, qu’elles dénaturalisent nos perceptions de la « réalité », de l’(hétéro) sexualité et du genre. Intéressé par le genre du conte de fées en général, Demy était tout particulièrement captivé par cette histoire d’inceste, thème récurrent dans d’autres de ses films, comme Parking, version du mythe d’Orphée dans laquelle Hadès (Jean Marais) est l’époux de sa nièce, Claude Perséphone (Marie-France Pisier), et Trois places pour le 26 où le personnage d’Yves Montand, incarné par lui-même, couche avec Marion, interprétée par Mathilda May, dont il ne sait pas qu’elle est sa fille4. Très girly et plutôt kitsch comme décor, mais cela m'a donné l'occasion de m'essayer pour la première fois à réaliser des roses en pâtes d'amandes (au programme du CAP de pâtisserie). “Peau d’âne” : la Féerie existe-t-elle ? Même « La Ségur », la célèbre comtesse auteur d’histoires pour enfants du XIXe siècle, a aussi sa place au panthéon des divas aristocratiques de Jacques Demy.