Si lâon veut, câest une herméneutique à la fois située, mais à portée universelle. 2 Critique. Il sâagit donc du choix politique, du choix dâun Ãtat de droit, réquisit de toute démocratie. Exacte réplique de lâattitude coloniale qui consiste généralement à dénier en bloc aux Africains tout ce qui relève de la culture humaine, cette position en prend le contre-pied. Frédéric Joël Aïvo, « Les constitutionnalistes et le pouvoir politique en Afrique », Revue française de droit constitutionnel 2015/4 (N° 104), p. 771-800. 54Malheureusement, il se trouve encore des écrivains juristes ou politologues pour défendre la pensée africaine ou des idéologies africaines qui « affirment lâhomme noir comme refus de lâexploitation et souci du progrès » 25. Caractéristique de la pensée de ces trois est la référence à Kant, plus précisément au cosmopolitisme kantien, mais aussi à la dimension universaliste de sa pensée. Mais il se peut que, selon la pensée africaine, les personnes individuelles nâexistent pas non plus. Cet acharnement à vouloir une démocratie africaine, la Charte africaine des droits de lâhomme et des peuples en porte les stigmates. Il y a deux manières de se perdre : par ségrégation murée dans le particulier ou par dilution dans lââuniverselâ. Lâalinéa 7 de lâarticle 29 stipule que : lâindividu a le devoir « de veiller dans ces relations avec la société à la préservation et aux renforcements des valeurs culturelles africaines positives dans un esprit de tolérance, de dialogue et de concertation et de façon générale de contribuer à la santé morale de la société (sic) ». Câest bien loin de la réalité historique dâaffirmer que lâÃtat africain nâest quâun pur produit dâimportation. En fait le « pouvoir … Ãcoutons-le en guise de conclusion : « Je ne mâenterre pas dans un particularisme étroit. Faudrait-il inventer lâÃtat sâil nâen existait pas ? 17 Une philosophie politique, dans le contexte africain, devrait reprendre cette question à son compte et sâinterroger sur le bien-fondé de son existence : pourquoi lâÃtat postcolonial ? Seulement, il serait aberrant dâaffirmer que lâorientation sexuelle dâune minorité met en danger toute une culture. Il nâest pas hors propos de penser, quâen plus des affaires politiques, le citoyen grec doit pouvoir gérer aussi sa maison. De la société africaine traditionnelle à la société moderne, le pouvoir politique a toujours été considéré comme un instrument que la tradition ou le peuple donne à un homme, une femme ou un groupe d’Homme pour qu’il contribue au bien être de toute sa communauté. 14Lâabsence dâouvrages proprement philosophiques sur lâÃtat en Afrique Noire a été déplorée. Câest ce quâindiquent ces ouvrages dont les titres se passent de commentaires. ., p. 664-671, spécialement p. 669-671. , pionnier de la critique de lâethno philosophie. Refus qui se poursuit sous la postcolonie. 57Nous avons essayé dâesquisser ce qui pourrait être une philosophie politique dans le contexte africain. 5 Nous sommes conscients de la place faite aujourdâhui aux philosophies de la déconstruction, aux pensées relativistes du « anything goes » et même à des déconstructions du droit et de tout discours sur la justice. [...] Force est de souligner que non seulement les formules étatiques, mais aussi la rationalité coloniale [...] firent lâobjet dâune réappropriation par les Africains », op. (Donc, il doit y en avoir de négatives aussi. L’alternance est piégée aux petits jeux de révisions interminables de la Constitution. Les personnes à protéger sont soumises à la défense des valeurs positives africaines prédéfinies par la Charte. 1 Nous utilisons ici le terme postcolonial dans un sens historique et politique. 21 Voir pour cela, Souleymane Bachir Diagne, « Philosophie africaine et Charte africaine des droits de lâhomme », in Critique, tome LXVII, Op. à lâexception de la démocratie grecque, réservée seulement à quelques-uns, aux citoyens, la démocratie fondée sur la liberté et lâégalité de tout être humain, est une invention moderne et coïncide de façon emblématique, avec la Déclaration des droits de lâhomme et du citoyen. et les devoirs de lâindividu de développer les valeurs africaines positives dont lâobjectif est surtout dâaider lâAfricain à ne pas devenir « agressif », « compétitif », « égoïste », de le mettre à lâabri de toute contamination extérieures, de sâoccuper de sa pureté culturelle originelle noire, loin des valeurs que lâOrganisation de lâunité africaine attribue à lâOccident et qui sont loin dâêtre la coexistence dans la paix et lâharmonie dont jouissent les Africains. 25Héritière des tout premiers jours des revendications raciales et culturelles panafricaines, jusquâà un certain point compréhensibles, lâopposition dâune culture unitaire africaine à une culture occidentale réduite à la science et à la technique frise lâaberration. Commission Economique pour l'Afrique. Câest ce quâAchille Mbembe exprime dans des termes suivants : Lâ« identité dans sa double dimension politique et culturelle (â¦) qui consiste à réfuter, bon an mal an, les définitions occidentales de lâAfrique et des Africains en en faisant valoir la fausseté et la mauvaise foi présupposés ». Car, dire quâil y a eu des sociétés démocratiques en Afrique est une proposition empirique que plusieurs exemples historiques contredisent. Aussi longtemps que les affirmations de la « négritude » de « African Personality », de « lâantériorité des cultures nègres » ou des « socialismes africains », etc., sont avancées pour attester la grande contribution de lâhumanité africaine à la culture planétaire et que lâunité culturelle de lâAfrique est affirmée comme dogme, lâessentiel du discours politique est accompli ; seul manque le « développement » que lâÃtat postcolonial sâassigne comme tâche primordiale, tâche qui justifie tout, même la suppression des droits humains. La liberté et lâégalité ne sont que des principes formels. ), Post-Colonial Studies. En ce sens, le choix des principes correspond à une situation de liberté qui permet, dans un second moment, une renégociation des termes dâun vivre-ensemble. La querelle entre les différentes positions sur la philosophie en Afrique nây change absolument rien. Lâadministration des prétendues preuves dont « la fonction est de disqualifier les fictions africaines de lâOccident, de réfuter sa prétention à monopoliser lâexpression de lâhumain en général et dâoùÂvrir un espace où lâAfricain pourrait enfin se raconter à lui-même ses propres fables dans une voix inimitable parce quâauthentiquement sienne » 16. 10Bien entendu, des individus, des groupes humains et même des Ãtats, ont besoin dâune multitude de biens pour exister, surtout dans le monde moderne. 24 Mbaya R. Ãtienne, « La Charte africaine des droits de lâhomme », Les Devoirs de lâhomme, Paris, Fribourg, Cerf, Ãditions universitaires de Fribourg, 1989, p. 48. 77, op. Postcolonialité et légimitité du pouvoir politique en Afrique. Pourtant, si on prend en considération les cultures démocratiques occidentales, elles ne sont pas similaires en tout point. The Revue française de science politique constitues a primary scholarly reference point in political science, both in France and across the world. 9 Nous étions en 1982 et les choses nâont guère changé. "Dans la vie comme en politique, je n'écarte rien", déclarait-il en décembre 2018 avant de céder le pouvoir. En effet, câest au nom de la liberté et de lâégalité que lâesclavage est condamnable ; câest au nom de la liberté et de lâégalité que bon nombre de combattants pour lâindépendance sont morts dans le combat contre le colonialisme, après avoir combattu aux côtés des anciens colonisateurs contre le nazisme. Published By: Sciences Po University Press, Access everything in the JPASS collection, Download up to 10 article PDFs to save and keep, Download up to 120 article PDFs to save and keep. Qui parle de philosophie et de politique en Afrique se réfère à cette seconde approche normative ; car une philosophie descriptive de lâaction relève plus dâune théorie de lâaction ou de la science politique, de la sociologie ou de lâanthropologie politique. Catalogue of 552 journals. Une telle chose nâest plus possible. Seule certitude : les législatives se tiendront en mars prochain. 25, Paris, 1982, p. 15. La situation postcoloniale est une résultante de la colonisation et un symptôme de cette histoire partiellement refoulée de la domination et de la déshumanisation. Ceci paraît dâautant plus déroutant quâun nombre important de ces écrits portent, entre autres, sur la démocratie en Afrique, sur les partis politiques et, surtout, sur la violence caractéristique de lâÃtat africain. 7 Voir à ce sujet Otfried Höffe, Penser un droit pénal interculturel, trad. Il nâest pas hors propos de penser, quâen plus des affaires politiques, le citoyen grec doit pouvoir gérer aussi sa maison. Ãchec également à reconnaître les conséquences de leurs conflits et à en rejeter lâentière responsabilité sur le colonisateur. Ces deux principes constituent une condition primordiale pour disposer dâautres biens nécessaires à la vie. à lâinstar des droits, ceux-ci devront être dûment prévus par le droit interne des Ãtats â lois ou règlements â ou, le cas échéant, par les dispositions de la Charte Africaine. Cependant, la question de la légitimité du pouvoir nâa nullement la prétention dâesquisser une théorie générale de lâÃtat, câest-à -dire une théorie politique complète. De nombreux chefs d’Etat à travers le monde sont prêts à modifier les Constitutions ou les interpréter à leur guise pour se maintenir au pouvoir. Lukas K. Sosoe, Professeur d’éthique, de philosophie du droit et de philosophie politique à l’université de Montréal, Faculté des Lettres, des Sciences humaines, Arts et Sciences de l’Éducation. Lâappartenance à des disciplines scientifiques et à des courants de pensée présuppose que chaque discipline reconnaisse la perspective qui est la sienne, lâélabore et en présente les résultats. Câest pourquoi, pour une théoÂrie de la légitimation de lâÃtat postcolonial, toute pensée de lâidentité culturelle doit être rejetée. De cette petite minorité, nous pourrons mentionner Bachir Souleymane, Achille Mbembe, Anthony Appiah et Kwame Gyekye ou Kwasi Wiredu, tous des auteurs qui insistent sur la référence à lâindividu comme un moment essentiel dans la pensée politique, voire cosmopolitique sâagissant de Appiah et de Gyekye ou afropolitique pour Mbembe. On a même l’impression qu’on les nomme juste pour plaire au bailleur et mimer une ouverture. Il contribue à soulever une question très largement discutée, non seulement parmi les philosophes, mais par tous ceux qui se préoccupent des questions politiques en Afrique : la question de la démocratie et des droits de lâhomme. 44La première position nâa aucun intérêt. 39Il sâagit là dâun moment négatif du choix des principes de liberté et dâégalité impliquant des droits opposables à lâÃtat, donc des principes de non-ingérence, de libertés négatives. démocratiques occidentaux importés en Afrique, de redéfinir un modèle politique « à l'africaine », qui tienne compte des composantes des sociétés africaines. Encore faut-il leur reconnaître le mérite dâavoir amorcé un début de réflexion qui, si elle avait été prise au sérieux et poursuivie, aurait pu déboucher sur la question de la fonction et de la légitimité de lâÃtat postcolonial. The Keys Concepts, 2e édition, Routledge Londres, New York, 2000, p. 168-175. On se saurait lâaccepter sans interruptions interrogatives. "Dans la vie comme en politique, je n'écarte rien", déclarait-il en décembre 2018 avant de céder le pouvoir. , Présence africaine, 1955, éd. JSTOR is part of ITHAKA, a not-for-profit organization helping the academic community use digital technologies to preserve the scholarly record and to advance research and teaching in sustainable ways. Ils appellent à se remplir de contenus qui ne peuvent provenir que de la culture ambiante quotidienne. 1 Nous utilisons ici le terme postcolonial dans un sens historique et politique. The reference and significance of the references to the hightest level of human community suggest the understanding and conviction that all human beings, irrespective of their local communities, are also members of a single large human community » 30. Il parle dâune communauté mondiale avec Kant où sâenchevêtrent les dimensions locale et globale : « The concept of a common humanity clearly lies at the base of references to the âinternational communityâ, âthe world communityâ, âthe global communityâ frequently made by diplomats, politicians, and world leaders of different national or cultural communities. 49Aussi rationnelle soit-elle, cette manière de penser la démocratie en Afrique soulève une importante question : pourquoi ce souci ou cette volonté tenace dâafricaniser la démocratie ? Câest bien loin de la réalité historique dâaffirmer que lâÃtat africain nâest quâun pur produit dâimportation. No. 42Le choix des droits égaux et des libertés égales ne prétend pas constituer la solution des problèmes de lâÃtat postcolonial dans le contexte africain. Occupée par la recherche de son identité, la pensée africaine pouvait laisser le plus grand représentant du système colonial, lâÃtat postcolonial, déployer sa puissance et pactiser avec la pensée culturaliste, et au besoin lâimposer quelquefois avec la complicité tacite de lâex-métropole qui y a bien vu « lâopium » dont le nationalisme culturel a eu besoin pour se détourner de lâurgence politique. La raison nâest pas seulement quâelles sont essentialistes et enferment lâAfricain dans une identité collective factice, voire racio-culturelle fausse et anhistorique, mais, de plus, elles servent de base à des tentatives de définition et à des affirmations normatives relatives à la soi-disant démocratie africaine. 77, Karthala, Paris, p. 90-106 et à lâarticle : « Philosophie, démocratie et pratiques : à la recherche dâun « universel latéral », in Critique, 2011, p. 672-686. Essai sur lâimaginaire politique dans lâAfrique contemporaine, Karthala, Paris, 2000, p. xii. Plus simplement encore : vu ce quâils ont vécu de brutalité sous les régimes coloniaux, et vivent encore sous des régimes postcoloniaux, quâauraient choisi les Africains à la veille des indépendances sâils avaient été informés de toutes les formes de destitution humaine dont ils ont fait et font encore lâobjet de la part des Ãtats ? GENERALITES SUR L'EXERCICE DU POUVOIR EN AFRIQUE Pour lâinstant, nous ne voudrions pas directement discuter cette question qui nous mènerait trop loin. ©2000-2021 ITHAKA. Ne reste que les droits égaux et les libertés égales pour légitimer lâÃtat africain postcolonial. Quand on prend en compte lâurgence des besoins de santé, de nourriture, de logement, dâéducation et de sécurité dans certaines villes africaines, pourquoi ne pas penser que des individus seraient prêts à sacrifier leur liberté pour une place où dormir ou pour se nourrir, bref pour survivre. 35Il apparaît donc clairement que le discours ethno-racial, identitaire et ethno philosophique ne peut plus légitimement servir de base à lâidentité africaine ni à une quelconque légitimité du pouvoir politique. cit., p. 664-671, spécialement p. 669-671. Dans toute la littérature sur lâAfrique, de la politologie à la discussion sur la philosophie africaine, on ne trouve presque pas, provenant des Africains, de réflexion sur les thèmes de la liberté et de lâégalité, presque pas de littérature engagée ou tentant de réfléchir sur lâÃtat en général et mettant en avant la question philosophique de la liberté et lâégalité politique. Il nâest pas erroné de voir en lui un des pionniers du panafricanisme, avec W. E. Dubois, Marcus Garvey et George Padmore. Comment expliquer ce choix et quels arguments pouvons-nous avancer en faveur de ce dernier ? Ce souci dâadaptation de la démocratie aux réalités africaines donne lieu à deux investissements dont le premier ressemble fort à un certain rejet. Or, le colonialisme nâest pas seulement condamnable parce quâune « civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde », mais comme le poursuit A. Césaire la « colonisation = chosification » et lâÃtat colonial, une inégalisation des conditions qui a pour corrélat des « sociétés vidées dâelles-mêmes, des cultures piétinées, des insÂtitutions minées, de terres confisquées, de religions assassinées, de magnificences artistiques anéanties, dâextraordinaires possibilités supprimées [...] de milliers de personnes à qui on a savamment inculqué la peur, le complexe dâinfériorité, le tremblement, lâagenouillement, le désespoir, le larbinisme » 14.
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Les Hommes Illustres De Plutarque,
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