C’est une image sur laquelle le cinéma a pu fantasmer longuement, à travers des notions diverses de « réalisme ». C’est le nouvel acte de création, posant autrement la question des rapports entre les images, n’ayant plus aucun gage de vérité hors le heurt des images. » L’histoire, plus qu’elle ne détermine la série des images, ne nous apparaît que comme une conséquence du développement d’un schème sensori-moteur. Les images ne peuvent plus se targuer d’une apparente clarté. Cette question se joue d’abord au niveau d’une fragmentation du sujet, comme quelques mots dans Pierrot le fou semblent le suggérer. Pierre Bodein, dit «Pierrot le fou», échoue à obtenir une révision de son procès. Entre les deux on ne cessera d’être pris dans une expérience, devenir-signification de l’alphabet et devenir-alphabet de la signification. This is one of many art references in this film, but possibly sums up this intense period of film making for Godard. Pierrot le fou en meta-film, spækket med action og intertekstuelle referencer. Nous ne prétendions certainement pas qu’il suffisait de poser sa caméra et d’enregistrer pour obtenir des images-documentaires. La lecture que Deleuze propose de Daney peut nous aider à comprendre historiquement cette mutation du cinéma, tant chez Godard que les modernes plus généralement. Le cœur de la position procède d’un commentaire de Matière et mémoire de Bergson. Ferdinand Griffon, marié à une femme riche, s'ennuie dans le milieu mondain dans lequel elle l'entraîne. 3 avis. C’est nouer entre des personnes et des choses qui existent et telles qu’elles existent, des rapports nouveaux. À sa sortie en 1965, Pierrot le fou, de Jean-Luc Godard, est interdit aux moins de 18 ans pour « anarchie morale et intellectuelle » et suscite une controverse, dont les termes sont analysés ici à partir de la presse spécialisée et généraliste et des courriers des lecteurs de la revue populaire Cinémonde. Hollywood since the 1920s, the aim of this analyse will be to show a way to construct meaning in this overly ambiguous film. Dissatisfied in marriage and life, Ferdinand (Jean-Paul Belmondo) takes to the road with the babysitter, his ex-lover Marianne Renoir (Anna Karina), and leaves the bourgeois world behind. Cette unicité sera souvent, dans Pierrot le fou, comme nous l’avons déjà suggéré par la voix de Marie-Claire Ropars Wuilleumier, unicité des mots et des choses, ou selon nous, dans une terminologie deleuzienne forgée à partir de Bergson, de certaines images subjectives et de certaines images objectives. Sans toujours affronter directement la matière littéraire, nous n’avons fait que parler du rapport entre la littérature et le cinéma dans l’œuvre de Godard en général, et Pierrot le fou en particulier. Exemple plat : « José n’a plus d’argent, il lui en faut. Plusieurs qualités d'images sont disponibles : 720p, 1080p, HD, DVDRIP et BDRIP. Ils se retrouvent ainsi dans le sud de la France…. Le film pouvait proférer une vérité, mais elle lui était antérieure : dans le contenu du scénario, dans la définition psychologique de ses personnages, dans les présupposés philosophiques du récit qu’il était chargé de traduire en images. mes envies. » (p. 99). 01h46. Il n’y a aucune différence entre les images, les choses et le mouvement. Ces images, comprises comme citations, seraient donc déjà investies d’un poids interprétatif (le sens du Maître) et d’une certaine manière de lire les images mises au jour par quelque homme (rapport d’allégeance-respect à une tradition qui se porte garante du sens hypothétique du Maître). Jean-Paul Belmondo et Anna Karina dans Pierrot le fou. Peu importe que cette conception soit étroite, et n’ait à la limite jamais vraiment été adoptée par aucun cinéaste, toujours est-il que ce serait une manière d’envisager le rapport des images. (24) Les images sont obscures, elles sont clichés, elles sont toujours déjà prises dans des circuits de sens qui les masquent en les rendant apparemment transparentes. Bresson ne dira pas autre chose lorsqu’il parlera de la création, même s’il est évident que chaque créateur recomposera singulièrement une œuvre unique faite d’images : « Créer n’est pas déformer ou inventer des personnes et des choses. ActeursJean-Paul Belmondo, Anna Karina, Graziella Galvani, « Pierrot le fou » : Métaphore et littéralité dans le cinéma de Godard. Cinéma. Pierrot le Fou est considéré comme un précurseur du road movie [4]. Les analyses de Pierre Ménès. En effet, si la vérité, le Sens du film est inscrit d’emblée, avant tout parcours, dans quelque chose qui lui est extérieur, scénario, vérité psychologique des personnages, vérité philosophique à illustrer, il est certain que l’on se trouve plus ou moins conséquemment face à un cinéma qui pratique un certain blocage du sens. One of the lines in Pierrot le Fou (Pierre the fool or Crazy Pete) is a quote or at least an echo from Rimbaud, Une Saison en enfer – A season in hell. (29) Cette littéralisation n’est sûrement pas une illustration : elle ne permet jamais de démontrer par d’autres images le discours d’un Maître. Le cinéma d’après-guerre ne peut que se relever par-delà la faillite sensori-motrice, le cinéma ne peut plus être ce tout organique qui ne cache, sous ses métaphores, qu’une grande organisation de la mort. Nous l’avons vu, la fixation de sens constitue des séries d’images, conditionne un certain enchaînement, une certaine manière de penser les rapports entre les images (dont les rapports entre les types d’image sonores et visuelles). Voici l'histoire d'une bande de malfrats violents et prêts à tout, appelée gang des Tractions avant et dirigée par Pierre Loutrel, dit Pierrot le fou ! «Pierrot le fou» est définitivement condamné à perpétuité . C’est alors que Godard atteint à la littéralité, ou, dans les termes de Marie-Claire Ropars Wuilleumier, à des phrases qui constituent des objets, et non plus des significations. Disons-le d’emblée : nous ne pouvons penser l’intérêt des incursions hypothétiquement littéraires – roman lu dans la diégèse, écriture dans la diégèse, écran-écrit – indépendamment de toute la matière du film. Elle considérera, en d’autres termes, que tout est d’abord décomposé, ramené à la simple dimension de chose ou d’image avant le verrouillage en tout sens trop étouffant ou magistral – elle continuera toutefois à utiliser le terme de « citation » : « Reprocher alors à Godard soit son abus des citations soit son goût pour les discours, c’est ne pas voir que ces phrases constituent des objets, et non des significations, et que la signification ne peut naître que d’une confrontation globale entre tous les objets sensibles perçus en un même moment par le spectateur, qui se trouve situé au point de leur convergence. Marianne réintroduit un accord des mots et des choses, sur fond de leur partage présupposé, en forçant l’action par la tyrannie d’un sens qui lui est extérieur : il s’agit véritablement de faire le roman policier à partir des mots dont le sens nous transporte immédiatement à leur réalisation actuelle, là, dans un monde (c’est la thèse d’Amengual qui fonctionne le mieux ici). Les différents montages métaphoriques s’y heurtent et s’y brisent, et les matières littéraires n’y jouent que ponctuellement, et toujours avec des ruptures, le rôle du Sens (jouer le Jules Verne). Ainsi nous ne voyons des images extérieures à cette image que nous sommes que ce qui nous intéresse au présent d'une situation déterminée. Pierrot Le Fou, a film directed by Jean-Luc Godard in 1965, is very colorful and has some hidden symbolism. Exemple de ce que serait un cinéma narratif comme le définit Deleuze : c’est un cinéma qui développe certaines séries, cinéma du développement du schème sensori-moteur. Elle est déjà au-delà de ce niveau premier, matériellement et formellement objectif, des images se heurtant les unes aux autres. 1965. Par ce que nous avons développé supra, nous pouvons dire que Godard, avec ses images littérales, ne cesse d’osciller entre le défini et l’indéfini, creusant chaque fois l’écart entre les séries (la série « Jules Verne » et la série « policière »), et entre les images au sein des séries mêmes. Autrement que Fieschi parlant de « brouillage du sens » (ce qui apparaît comme une condition négative de l’œuvre de Godard), on parlera plutôt de « comment l’œuvre fonctionne »(21) - c’est cela que l’expérimentation. Comme les images que nous sommes, il est des images sonores qui « prennent un pouvoir de contracter ou de capturer les autres images ou une série d’images. Comment Godard traite les images venant de la littérature afin d’en tirer « juste une image » ? Ce que l’on observe, c’est que le cinéma a toujours résolu le problème de constitution des séries, dont le problème des rapports entre les types d’images sonores et visuels, par des images déjà pleines de sens, interprétées, verrouillées, avant même d’être images de cinéma. Ce dernier trait est capital pour tout un cinéma psychologique, fait de motivations et buts précis, organisant les séries d’images autour de ces motivations et buts, c’est-à-dire les ordonnant aux impératifs de l’action. Cet appareil sonore relaie parfois la voix d’un maître, mais d’une manière telle que la voix se perd dans une série de voix diverses, inassignables. Approfondissons cette attraction que peuvent exercer certaines images. J’ai l’impression que c’est des machines séparées, y a pas d’unité. En préambule de l’analyse de Pierrot le fou ici proposée, il est peut-être utile de préciser brièvement le cadre dans lequel se situe ce travail, issu d’une thèse consacrée aux génériques de films1. L’image dont il est question ici nous ramène à la stérilité d’un cinéma illustratif. La déception n’est pas de comparaison, la déception ne vient pas de la rencontre manquée entre des imaginaires différents (celui du cinéaste lecteur adaptant un film et celui du lecteur voyant le film adapté), elle est de littéralisation – le héros crève de sa littéralisation, même si le cinéaste construit ensuite un film procédant par métaphores. Amengual, « Destruction du ‘musée imaginaire’ : Pierrot le fou ». Toutefois, dans Pierrot le fou, Belmondo donne un autre protocole d’expérience, diffus, dont celui de la « séparation et unité ponctuelle des machines » n’est à la limite qu’une condition de possibilité : « Velasquez, peintre des soirs, après 50 ans ne peignait plus jamais une chose définie ». Belmondo nous invite à un certain protocole d’expérience, mais nous-mêmes, parcourant l’œuvre, devons nécessairement mettre en œuvre une certaine manière de nous y promener. Le dehors cinématographique ne peut plus venir comme stabilisation du sens(14), il devient autre dans le cinéma, en même temps qu’il provoque de grands tremblements entre les images, tremblements dont ça et là surgiront, épars, quelques éclats de sens, quelques moments d’unicité. Au cours d'une soirée, il rencontre Marianne, une étudiante qu'il a connue cinq ans auparavant. Entretien avec Godard, interview réalisée par Olivier Bombarda et Julien Welter en 2007 pour Arte. Car s’il s’appuie sur une intrigue de roman noir, avec son héros manipulé et sa femme vénale, Pierrot le fou est avant tout un film qui traite de l’impossibilité d’un couple à regarder dans la même direction. Si photographie il y a, elle est toujours déjà tirée dans les choses même, c’est dire que tout est image. Un scénario fou, narrant la folle histoire d'un jeune couple fou. Il rencontre quelqu’un qui lui permet d’en gagner facilement. La question devient « Qu’est-ce qu’il y a à voir sur l’image ? Pierrot le fou (Jean-Luc Godard / France-Italie / 1965 / 112 min / 35mm) Rétrospective La Nouvelle Vague, une génération d'acteurs Samedi 17 octobre 2009, 21h00 - … Ceci vaut sûrement pour Godard et Robbe-Grillet, seulement, lorsque nous disions que la littérature est essentiellement métaphorique, nous entendions par là qu’elle use toute de même d’images curieuses qui sont des mots, et que, nécessairement, ses mots constituent un transport(27) vers d’autres images qu’elles ne cessent de provoquer en nous. Analyse [modifier | modifier le code] Pierrot le Fou est considéré comme un précurseur du road movie [4]. En effet, la métaphore, comprise comme ce qui « [indique] une ressemblance, un rapport confus entre deux images claires »(23), est également rejetée par Robbe-Grillet pour la littérature. Nous sommes tellement remplis d’images que nous ne voyons plus celles du dehors pour elles-mêmes. Publié le 26 avril 2019 à 06h27 - Mis à jour le 15 décembre 2019 à 10h44 »(4) Deleuze, poursuivant l’énoncé condensé des positions bergsoniennes, décrit si bien, par la production de concepts, ce que le cinéma fait pour son compte. Donnons un exemple plat, mais inventé par nos soins. Votre abonnement CANAL vous permet de bénéficier des contenus Télérama réservés aux abonnés. Concrètement, au contact de Pierrot le fou, on en trouvera déjà trace ponctuelle, apparaissant-disparaissant, dès les premières images : protocole d’expérience muet qui, dans un seul mouvement, devenir des images, provoque la composition et fait apparaître le sens par reconnaissance de l’ordre alphabétique, avant de le faire disparaître par la signification apparaissant des mots. En quittant femme et enfants pour suivre Marianne dans une ténébreuse aventure à laquelle il ne comprend rien, Ferdinand n’aspire qu’à goûter à un semblant de liberté auprès de celle … The most exaggerated colors in this film are blue, red, yellow, white, and green. Outre la notion de « citation », nous refusons la notion de « collage ». Elles ne peuvent rien illustrer chez Godard puisque précisément nous respectons le protocole « ferdinandien », pratiquant un tout fragmenté, ne constituant les unités entre les mots et les choses que ponctuellement (« ne jamais se demander de ce qui, des mots ou des choses, fut premier »). Pierrot le fou proved a tough ticket in Paris—but, more importantly, it inspired a generation, and most famously Chantal Akerman, who, when she saw it at age fifteen, decided at once to become a filmmaker. Il est tiraillé entre son amour et son besoin d’argent facile. « D’abord », mais surtout « toujours » lorsque nous abordons le cinéma de Godard, dont l’œuvre Pierrot le fou. Ces micro-adaptations (dont la lecture de Guignol’s Band) ne sont jamais des illustrations. Découvrez toutes les formules d'abonnement à Télérama. José devient petit truand. Nous ramenons le sens à la chose du monde : le mot ne peut plus que faire signe vers la chose – il est transport. C’est certainement cette ambivalence qui a guidé Godard dans son choix de titre. (11) La série se définira dès lors comme une « suite d’images en tant que réfléchie dans un genre. Il nous semble intéressant de voir comment Marianne et Ferdinand provoquent des séries, chacun à leur manière, entraînant l’autre dans une certaine composition. Enfin, après avoir corrigé ce qui nous paraissait être des erreurs lourdes de conséquences (considérer les matières apparemment étrangères au cinéma tantôt comme des citations, tantôt comme des collages), et puisque nous savons maintenant que la série ne peut être composée que d’images, et puisque nous nous intéressons aux séries de Pierrot le fou qui font intervenir des images sonores de lecture de roman ou de tout autre texte, visuelles de textes lus, d’écran écrit, etc., nous pouvons étudier les nouveaux rapports qu’envisage Godard entre ces types d’images, et particulièrement le rôle des textes lus dans la diégèse, ou de l’écrit dans la diégèse, ou de l’écran-écrit, images dans les séries de Pierrot le fou. Parfois j’ai l’impression d’être unique, parfois j’ai l’impression d’être plusieurs. Godard ne colle ni ne cite, Godard travaille d’abord avec ce fond documentaire de toute image – pas une image juste, juste une image. À ce titre, jouer à retrouver les références utilisées par Godard va contre le mouvement même de « la pensée déterminant à penser » à l’œuvre dans ce nouveau cinéma – cette tendance se vérifiera encore dans la grande œuvre Histoire(s) du cinéma. Pour ces deux raisons, le terme de « citation » doit scrupuleusement être écarté lorsque nous parlons du cinéma de Godard. Chaque image est en relation avec le tout des images, tout choc se communiquant intégralement, dans une chaîne de heurts ininterrompue. On peut dire que la séparation des machines et leur unité ponctuelle est la condition de possibilité de l’indéfini comme protocole d’expérience fondamental de Pierrot le fou. En fait, la trame vaguement policière de Pierrot le fou est assez secondaire. Or, la littérature fonctionne essentiellement par image, c’est dire qu’elle n’atteint jamais à une littéralité totale. Que nous parlions de cinéma, de littérature, de peinture, de sculpture, de choses, tout ce qu’on veut, nous parlons toujours d’images : « Il y a des images, les choses mêmes sont des images parce que les images ne sont pas dans la tête, dans le cerveau. (31) Marie-Claire Ropars Wuilleumier invitait à se méfier des déclarations de Godard. Ainsi décide-t-elle de « quitter le roman de Jules Verne » et de « refaire le roman policier, avec des dancings, des voitures, des fusils ». C’est une double littéralisation qui met cinéma et littérature dans une aveuglante clarté. Or, précisément, Godard brouille ce sens par l’appareil sonore même. Le sens n’y est plus qu’effet, et non pas clé interprétative. Nous pensons aussi à Musil qui, dans le début de l’homme sans qualité (Robert Musil. 1965 Réalisé par Jean-Luc Godard 105 mn avec Jean-Paul Belmondo, Anna Karina, Dirk Sanders. Plus largement, les matières du monde investissent l’écran d’une infinité de manières : les lettres fragmentaires du générique se constituant progressivement comme sens (d’orientation – alphabétique ; de fixation – sémantique) sur un écran noir, quelques phrases de l’Histoire de l’art de Faure lue par Ferdinand, u… Fixons tout de suite une terminologie, qui en même temps condense un certain nombre de thèses. Nous le verrons à travers des exemples concrets, Godard se sert toujours des images du monde d’une manière « non-citationnelle », sans guillemets, sans référence, sans appareil critique lourd – matière encore vivante et toujours reprise, changeante, produisant de nouvelles images. Délaissant sa femme, il passe la nuit chez elle et prend la décision de ne plus en bouger. L’ensemble des images varie en fonction de ce développement. Pierrot le Fou est considéré comme un précurseur du road movie. (33) Pour notre compte il nous semble qu’il s’agit plutôt de littéralisation, tendant à ce point où l’on ne « demande plus ce qui fut d’abord, des mots et des choses, et ce qui vient ensuite »(34) : le mot n’illustre ni ne provoque, il offre bien plutôt le cadre d’une série, qui tend parfois à faire valoir un primat très curieux du mot sur la chose(35) dans Pierrot le fou. Ferdinand, et non pas Pierrot, fait tout pour nous tenir aux antipodes d’un cinéma illustratif, se donnant des gages d’authenticité à coups de références littéraires : « l’illustration illustre le verbal, et a donc tendance à être démonstrative. Les images se heurtent et se bousculent par différence de potentiel et autonomisation chez Godard, elles ne se collent pas. Nous empruntons la citation faite par Deleuze dans. »(12) Ces séries engageront chaque fois une question fondamentale : quel rapport peut-on créer entre les types de composantes de la série ? J'sais pas quoi faire, qu'est-ce que j'peux faire comme micro-critique ? Amengual a très bien repéré une certaine performativité du dire dans Pierrot le fou. Paradoxalement, semblant ici aller à l’encontre du cadre théorique que nous avons posé (tout est image), obtenir de la littérature une image, juste une image plutôt qu’une citation ou un collage, consistera à faire autre chose qu’une image avec la littérature. Bien qu'il ne soit jamais nommé, Arthur Rimbaud est constamment présent au travers de citations (principalement issues d' Une saison en enfer : « L'amour est à réinventer », « La vraie vie est ailleurs », etc., ainsi que la citation finale « … Lire Guignol’s band ne servira pas à commenter l’œuvre en train de se faire, ne servira pas à faire avancer l’intrigue, ne servira pas à renseigner sur l’état psychologique d’un personnage, ne s’insérera pas dans un Tout organique dont la clé serait donnée, lire Guignol’s band et le littéraliser c’est tenir ensemble ce qui diffère, c’est apprendre à faire voir des images, juste des images(30) - leur restituer leur obscurité masquée sous le cliché métaphorique. Son épouse demande le divorce. » Marie-Claire Ropars Wuilleumier, « La forme et le fond ou les avatars du récit ». Vivez l’expérience CANAL+. Nous ne pouvons donc tenir cette position qu’en présupposant déjà un partage entre un monde auquel se référer et un signe qui s’y réfère métaphoriquement. On aura reconnu sans peine, dans ce dernier paragraphe, un certain pastiche de Deleuze et Guattari. Approximativement : « Des yeux pour voir, des oreilles pour entendre, pour parler, la bouche. ActeursAnna Karina, Graziella Galvani, Jean-Paul Belmondo. Mais il est toutefois certain que le dégagement d’une image, juste une image, sa restitution à une obscurité masquée, n’est qu’une condition négative de l’œuvre. Que du contraire, il s’agit pour Godard de faire jaillir quelque chose de nouveau en travaillant sur la différence de potentiel qui peut séparer l’image littéraire de l’image littérale. France. Nous ne nous attardons pas sur cette notion de collage : elle est d’abord picturale, non littéraire. NRF, 1975, p. 22. In particular, his film Pierrot Le Fou (1965) embodies materialist values pre-established by Brecht and Artaud in the birth of ‘epic theatre’ such as realism and estrangement, in order to “capture its audience without apparently making it think, or change it” (Wollen, pg. Et bien entendu, Pierrot est aussi le personnage lunaire de la Commedia dell’arte. C’est le mécanisme que nous avons essayé de décrire pour la littérature, pour la vie en général, avec Musil. Pour notre compte, en suivant Deleuze sur ce point, nous nous intéressons aux rapports entre les images de tous types (objectives et subjectives) et une certaine face des images sonores. De cette image, nous pourrions dire qu’elle est l’image objective par excellence. A Porquerolles, dans les coulisses du tournage de « Pierrot le Fou » de Jean-Luc Godard Par Samuel Blumenfeld. Dans Pierrot le fou, la double littéralisation permet donc, au mieux, une interrogation sur les moyens qu’a le cinéma de faire autre chose que de la métaphore avec la matière littéraire et avec toutes les images. Sous le tropisme des grandes œuvres littéraires, certains ont considéré que la série d’images et que les rapports des images sonores et visuelles était déjà réglé : il n’y avait qu’à suivre le déroulement du texte littéraire. On contestera ceci en disant que le Nouveau Roman, par Robbe-Grillet, non moins que la Nouvelle vague, par Godard, conteste la métaphore. DVD 36,67 € 36,67 € 59,99 € 59,99€ Recevez-le mercredi 9 septembre. Implantée à SAINT-MALO (35400), elle est spécialisée dans le secteur d'activité de la location de terrains et d'autres biens immobiliers. Le site de streaming le plus complet et le seul qui réunit vos films, vos séries (en HD, VF et VOST) toute la TNT et les plus belles compétitions sportives en direct ou en replay. Il n’est pas dit que le cinéma dit « classique », disons le cinéma avant le cinéma moderne (pour lâche et inexacte que soit la formule), reprenant la bipartition de Bergala évoquée supra à travers l’ouvrage Rossellini, le cinéma retrouvé, soit rhizomatique. Dans un autre ordre, nous pensons à Ceylan cherchant à. Nous pensons au désormais célèbre Raymond Roussel étudié par Foucault : Foucault. (32), De ce fait, une fois littéralisées, les images peuvent entrer dans de multiples séries, la question de constitution des séries pouvant à nouveau et différemment être posée. La littérature fonctionne par images nous dit Godard dans une interview récente(22), alors il faut mettre autre chose, creuser la différence entre cette image produite par la littérature et cette autre chose qui s’y heurte. L’image littéraire, essentiellement métaphorique, subira de ce fait un traitement de littéralisation dans le cinéma de Godard.